Benjamin Paquet, chef de projet au sein de la Maîtrise d’Ouvrage pour le projet du développement des métros automatiques à Lausanne, entame la conférence par une présentation du projet.
L’actuelle ligne M2, opérationnelle depuis 2008, a rapidement été victime de son succès. En effet, après trois ans d’exploitation, sa fréquentation était déjà celle qu’on lui prédisait à long terme, en 2025. En 2019, plus de 32 millions de passagers ont été transportés. En un peu plus de 10 ans d’existence, la ligne a durablement changé la ville et les habitudes des Vaudoises et des Vaudois.
L’augmentation prévue de la population dans le canton de Vaud nécessite des solutions de mobilité durables. Avec près de 1 million d’habitants attendus d’ici 2050, contre environ 800’000 aujourd’hui, il est impératif d’améliorer et d’étendre les transports publics qui ont un succès toujours grandissant. A l’horizon 2030, 200’000 usagers sont attendus chaque jour dans la gare CFF de Lausanne qui aura été agrandie et modernisée, contre 130’000 aujourd’hui.
Le Conseil d’État vaudois vise la neutralité carbone en 2050. Or, la mobilité représente dans le canton plus de 40% des émissions de gaz à effet de serre. L’essentiel provient des voitures, pour inviter les gens à changer d’habitudes en matière de mobilité, il est indispensable de proposer un réseau de transports publics efficace et performant.
La ligne M2 sera modernisée pour pouvoir transporter davantage de voyageuses et de voyageurs. La construction de la nouvelle ligne M3 s’étendra du centre-ville jusqu’au nord de Lausanne et englobera un écoquartier en pleine croissance. Les métros M2 et M3 seront un maillon central sur l’axe nord-sud qui permettront à deux fois plus de voyageurs d’être transportés entre la gare et le centre-ville. La modernisation du M2 permettra d’augmenter sa cadence à 1 minute 50 aux heures de pointe contre 2 minutes 10 aujourd’hui. Pour atteindre cette cadence, le système de conduite automatique du M2 sera modernisé et la même solution technique sera déployée sur le M3.
Un nouveau tunnel à double voie de 500 mètres sera construit sous la gare pour le M2. Il remplacera le tunnel utilisé actuellement qui est à voie unique et limite la capacité de la ligne. Une nouvelle station sera construite pour le M2 sous la place de la gare, plus spacieuse et plus accessible.
La nouvelle ligne M3 fera la liaison entre la gare CFF et le nord de la ville avec 3,6 km de tracé entièrement souterrain et à double voie. La ligne comportera 7 stations peu profondes, accessibles, pour entrer et sortir rapidement du métro. Le temps de trajet pour parcourir l’entier de la ligne sera de 11 minutes environ. Une nouvelle ligne de tramway et des lignes de bus à haut niveau de service compléteront ce réseau, garantissant une mobilité fluide et efficace.
Le CERN possède un conseil général, une direction générale et quatre départements majeurs.
Le projet est piloté par l’État de Vaud, qui le finance et la Confédération a accordé un cofinancement de 161 millions. Il est mené en étroite collaboration avec les Transports publics de la région Lausannoise (TL), qui exploitent le M2 et exploiteront le M3 et la Ville de Lausanne, qui accueille l’infrastructure sur son territoire. Une partie des travaux ont été confiés aux CFF dans le cadre du chantier de modernisation et d’agrandissement de la gare de Lausanne.
Sergio Carpintero, BIM manager du projet au TL poursuit la présentation en soulignant que deux décisions importantes ont été prises pour la réalisation du projet. La première a été de réaliser le projet en BIM et la seconde d’utiliser l’openBIM, une stratégie ouverte, neutre et durable dans le temps.
La décision de réaliser le projet en BIM s’est appuyée sur trois piliers : les optimisations, une meilleure collaboration et des meilleurs modèles de maintenance.
En termes d’optimisations, il s’agit d’anticiper les difficultés et de les régler avant l’exécution des travaux. Cela concerne les conflits, les étapes d’installation, l’organisation logistique et la sécurité du chantier. Le BIM permet également de fiabiliser la production de documents concernant les couts et le planning car ils sont liés aux quantités des maquettes.
Pour la partie collaboration, la compréhension et la communication de projet sont beaucoup plus efficaces avec la méthode BIM. Le projet est important en taille et en nombre d’intervenants avec les partenaires, les architectes, les bureaux d’études, les entreprises etc. Les outils BIM permettent de centraliser les communications entre acteurs et de rendre les informations disponibles facilement.
Pour la maintenance, les modèles BIM seront utilisés pour faire de la maintenance préventive et corrective, anticiper et simuler l’évolution des infrastructures et gérer plus efficacement le parc de bâtiments neufs et existants.
Pour un projet de cette taille et de cette durée, il est nécessaire d’utiliser une méthode de travail durable avec une interopérabilité pour échanger des informations dans le temps, avoir une flexibilité technologique et un flux de travail ouvert et agile.
Le choix s’est tourné vers l’openBIM et la collaboration au format IFC qui permet de donner la possibilité à tous les participants du projet de visualiser gratuitement tous les modèles.
La stratégie développée par Buildingsmart répond aux besoins du projet car :
• L’interopérabilité est essentielle pour la transformation numérique du secteur des actifs bâtis
• Le développement de normes ouvertes et neutres facilite l’interopérabilité
• L’échange fiable de données est lié à des paramètres de qualité
• Les flux de travail collaboratifs sont optimisés grâce à des formats de données ouverts et agiles
• La flexibilité dans le choix de la technologie apporte de la valeur à toutes les parties concernées
• La durabilité des fichiers est assurée par des normes de données interopérables
L’organisation BIM du projet comprend : un responsable BIM qui fait partie de la direction de projet, un BIM manager et un gestionnaire de l’information.
Un BAMO est chargé d’analyser toutes les informations et un coordinateur BIM, intégré à l’un des groupements, est chargé de la détection des conflits.
Le groupement équipements est composé de plusieurs entreprises, elles ont un BIM manager, un coordinateur BIM et pour chaque domaine, un référent BIM et plusieurs modeleurs.
Le rôle de gestionnaire de bibliothèque d’objets est primordial car il garantit la présence et le renseignement des attributs qui serviront à la maintenance dans les objets.
Nous avons plusieurs groupements d’architecture et génie civil avec un coordinateur BIM et un référent pour chaque domaine. L’équipe BIM est toujours accompagnée d’une équipe technique d’ingénieurs et d’architectes qui soutient son activité.
Pour les phases 31 et 32, des lignes directrices pour le développement du projet sont établies dans le plan d’exécution BIM. L’objectif principal de cette première phase était la migration de tous les plans 2D vers des modèles 3D puis l’extraction des plans d’avant-projet des modèles.
Au cours de la phase 32, toutes les exigences pour la phase d’exécution et la phase de maintenance des actifs y sont intégrées, c’est à dire les exigences en matière d’échange d’informations et d’informations de l’actif. Ces documents constituent la base des appels d’offres.
Dans ce projet, le groupement architecte et génie civil assurera le suivi de chantier pendant les phases d’exécution et la mise à jour des modèles. Pour la partie équipements, l’entreprise d’équipement prendra la responsabilité d’apporter toutes les modifications et adaptations aux modèles.
La dernière étape sera le transfert de toutes les métadonnées vers la plateforme de GMAO et la transmission des modèles et des informations à l’équipe d’exploitation et de maintenance.
L’idée, dès le départ, a été de suivre une mise en œuvre progressive des usages BIM, de les consolider et d’inclure tous les participants au projet. A ce stade, les efforts ont été concentrés sur la modélisation 3D, la coordination spatiale, l’intégration des attributs nécessaires au projet et l’élaboration de flux de travail et de collaboration efficaces.
Pour les besoins du projet, deux niveaux de maturité sont utilisés : le niveau 1 pour les tunnels et le niveau 2 pour les stations. Les modèles ont un niveau de détail géométrique LOG300 et un niveau d’informations LOI 400. Le projet est constitué d’une centaine de maquettes, vingt pour l’architecture, vingt pour la structure et une soixantaine de maquettes pour les équipements.
La stratégie de collaboration et de validation s’appuie sur la norme ISO 19650. Chaque groupement a choisi un ECD (Environnement Commun de Données) interne pour la coordination et la communication autour des modèles en cours de travail.
Une fois ces modèles contrôlés et approuvés par le coordinateur BIM, ils passent au statut partagé. Deux plateformes sont utilisées Revizto pour la coordination BIM et Mezzoteam pour la validation des modèles BIM. En fin de projet, les données sont archivées.
Dans la phase d’exécution, deux niveaux de coordination seront effectués avant de produire les plans d’exécution pour s’assurer qu’il n’y a pas de conflits critiques et que tous les éléments peuvent être installés.
Une fois le projet construit, les informations et les modifications seront transférées sur les modèles et une vérification finale de tous les attributs sera effectuée. Pour le contrôle des modèles as-built, le BIM sera présent sur site avec des outils de contrôle sur tablettes ou lunettes.
L’iintégration de l’exploitant et du mainteneur dès la conception aide à avoir une stratégie claire dès le début du projet et à définir les données nécessaires pour l’exploitation. Les données des plateformes seront transférées en fin de projet dans une GMAO et une plateforme SAP. Le projet de métro y sera intégré avec tous les actifs de transport public existants à Lausanne et gérés de manière centralisée.
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